Les Poésies d’Héloïse

Les Poésies d’Héloïse@heloise

18 followers
Follow

Season 1 episodes (100)

Le Centenaire
S01:E100

Le Centenaire

Poème de Louis Delorme C’était un arbre centenaire Qui ne comptait plus les années : Il disait : « À quoi bon s’en faire, Je suis mûr pour la cheminée ! Des feuilles, j’en ai bien trop lu, Que pourrais-je savoir de plus, Si je passe un printemps encore Auprès des autres sycomores ? » Alors il a laissé le froid Engourdir lentement ses veines Et mettre à vif toutes ses peines Et clouer ses branches en croix ; Heureux d’aimer, mais las de vivre, Pour la toute dernière fois Il a fleuri dans le grand bois Des milliers de perles de givre.

Libre
S01:E99

Libre

Poème de Claudie Becques S’enfuir pour ne garder que les bons souvenirs… Quand les premiers frimas se posent sur le cœur, Mieux vaut suivre l’instinct des oiseaux migrateurs Et déployer ses ailes, décider de partir. Choisir de s’exiler pour ne pas déranger… Mieux vaut quitter la meute et n’être point fardeau, Etre loup solitaire et non chien de traîneau, Quand au milieu des siens, on se sent étranger. Sur la pointe des pieds, tirer sa révérence En se félicitant d’avoir eu tant de chance, Dans un dernier regard emporter le meilleur. Ne pas se retourner, éviter les regrets, N’emporter avec soi que moments de bonheur, Aller, sourire aux lèvres, heureux et libéré. https://www.facebook.com/Claudie-Becques-1844483248919787/

Le petit Écolier
S01:E98

Le petit Écolier

Poème de Claudie Becques Papa, maman, Vous voyez bien que je suis grand. Allez, courage ! Comme les enfants de mon âge, Je cours, Je vole Vers ma toute première école. Je sais, c'est dur Moi, je suis prêt pour l'aventure, Séchez vos yeux, Il faut vous montrer courageux. Ce soir, promis ! Vous aurez un câlin au lit. Vite ! Un baiser J'ai hâte d'être un écolier ! https://www.facebook.com/Claudie-Becques-1844483248919787/

Dans la Poche du Kangourou
S01:E97

Dans la Poche du Kangourou

Poème de Claudie Becques Dis, petit kangourou, Qui bondit, qui bondit, Petit bandit tout roux Dans ta poche, qu’as-tu mis ? Pour le vieux crocodile, un paquet de mouchoirs J’y ai glissé aussi, un réveil pour le loir Il y a pour la taupe, une paire de lunettes Pour le petit putois, j’ai pris des savonnettes J’ai mis une perruque, pour la chauve-souris Un beau chapeau de paille, pour le petit âne gris J’ai prévu une brosse, pour le raton laveur Ainsi qu’une bourriche, pour le martin-pêcheur Dis, petit kangourou, Qui bondit, qui bondit, Petit bandit tout roux Ne m’as-tu pas menti ? J’avoue que j’ai peut-être, un peu exagéré Ce que j’ai dans la poche, vois-tu, c’est un secret ! https://www.facebook.com/Claudie-Becques-1844483248919787/

Paris est triste
S01:E96

Paris est triste

Poème de Claudie Becques A José, mon frère... Des nuages venus du Nord S'empalent sur la Tour Eiffel Et la Seine sanglote en son lit… L'Arc ne Triomphe plus, Paname se sent Invalides La Place de l'Etoile ne brille plus… Montmartre a un Sacré gros Cœur Place du Tertre, les peintres ont, de leurs pinceaux Repeint en gris, le ciel de Paris. Notre-Dame veille désormais sur toi Nous, nous restons sans Défense Mais toi, tu es enfin en paix, et ça c'est Capitale. https://www.facebook.com/Claudie-Becques-1844483248919787/

Notre Dame de Paris
S01:E95

Notre Dame de Paris

Poème de Gérard de Nerval -=-=- Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ; Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde, Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde Rongera tristement ses vieux os de rocher ! Bien des hommes, de tous les pays de la terre Viendront, pour contempler cette ruine austère, Rêveurs, et relisant le livre de Victor : — Alors ils croiront voir la vieille basilique, Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique, Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort ! -=-=- Notre-Dame is very old: however we will perhaps see her bury Paris that she saw born; But in a few thousand years, Time will make flinch this heavy carcass, like a wolf trips an ox, Will twist her iron nerves, and then with a deaf tooth Will sadly gnaw at her old rock bones! Many men, from all countries of the earth Will come, to contemplate this austere ruin, Dreamers, and reading again Victor’s book: Then they will think they see the old basilica, All the way she was, mighty and beautiful, Rise before them like the shadow of a dead man! -=-=- Pianiste : Ivan Ilić (La Cathédrale engloutie - Claude Debussy)

Le Coin du Feu
S01:E94

Le Coin du Feu

Poème de Théophile Gautier Que la pluie à déluge au long des toits ruisselle ! Que l’orme du chemin penche, craque et chancelle Au gré du tourbillon dont il reçoit le choc ! Que du haut des glaciers l’avalanche s’écroule ! Que le torrent aboie au fond du gouffre, et roule Avec ses flots fangeux de lourds quartiers de roc ! Qu’il gèle ! et qu’à grand bruit, sans relâche, la grêle De grains rebondissants fouette la vitre frêle ! Que la bise d’hiver se fatigue à gémir ! Qu’importé ? n’ai-je pas un feu clair dans mon âtre, Sur mes genoux un chat qui se joue et folâtre, Un livre pour veiller, un fauteuil pour dormir ?

Voyelles
S01:E93

Voyelles

Poème de Arthur Rimbaud A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : — O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Mobilier scolaire
S01:E92

Mobilier scolaire

Poème de Paul Arène L'école était charmante au temps des hannetons, Quand, par la vitre ouverte aux brises printanières, Pénétraient, nous parlant d'écoles buissonnières Et mettant la folie en nos jeunes cerveaux, Des cris d'oiseaux dans les senteurs des foins nouveaux ; Alors, pour laid qu'il fût, certes ! il savait nous plaire Notre cher mobilier si pauvrement scolaire. À grands coups de canif, travaillant au travers Du vieux bois poussiéreux et tout rongé des vers, Nous creusions en tous sens des cavernes suspectes, Où logeaient, surveillés par nous, des tas d'insectes : Le noir rhinocéros, qui porte des fardeaux, Le taupin, clown doué d'un ressort dans le dos, Le lucane sournois, mais aimable du reste, Le charançon, vêtu d'or vert, et le bupreste... J'oubliais l'hydrophile avec le gribouri.

Mon Rêve familier
S01:E91

Mon Rêve familier

Poème de Paul Verlaine Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore. Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Oisillon bleu
S01:E90

Oisillon bleu

Poésie de Jean Moréas Oisillon bleu couleur-du-temps, Tes chants, tes chants Dorlotent doucement les coeurs Meurtris par les destins moqueurs. Oisillon bleu couleur-du-temps, Tes chants, tes chants Donnent de nouvelles vigueurs Aux corps minés par les langueurs. Oisillon bleu couleur-du-temps, Tes chants, tes chants Font revivre les espoirs morts Et terrassent les vieux remords. Oisillon bleu couleur-du-temps, Je t'ai cherché longtemps, longtemps, Par mont, par val et par ravin En vain, en vain !

Petit ou grand
S01:E89

Petit ou grand

Poésie de Sylvaine Hinglais Une petite personne et une grande personne se parlent. - Quand on est petit, on dit : « Quand je serai grand… » - C'est vrai. - Alors quand on est grand, on peut dire : « Quand je serai petit… » - Non. - Pourquoi ? - Il paraît que ça ne marche pas. - Pourquoi ? - On peut grandir, mais on ne peut pas rapetisser. - Mais on ne peut pas toujours grandir. - Non. - Alors, quand on est grand ? - On change de forme, tout doucement. - On change de forme ? - Oui, ça s'appelle vieillir.

Crapaud
S01:E88

Crapaud

Poésie de Béatrice Tanaka Crapaud, s'il te plait, va au marché ! J'ai mal au pied. Crapaud, s'il te plait, écosse les pois ! J'ai mal au bras. Crapaud, s'il te plait, lave les assiettes ! J'ai mal à la tête. Crapaud, s'il te plait, allume le feu ! J'ai mal aux yeux. Crapaud, s'il te plait, allume le fourneau ! J'ai mal au dos. Crapaud, s'il te plait, coupe le pain ! J'ai mal à la main. Crapaud, s'il te plait, dresse la table pour le dîner ! J'ai mal au nez. Viens manger, crapaud, la soupe est servie ! J'essaierai pour vous faire plaisir, mon ami.

Conversation
S01:E87

Conversation

Poème de Jean Tardieu Comment ça va sur la terre ? – Ça va, ça va, ça va bien. Les petits chiens sont-ils prospères ? – Mon dieu oui merci bien. Et les nuages ? – Ça flotte. Et les volcans ? – Ça mijote. Et les fleuves ? – Ça s'écoule. Et le temps ? – Ça se déroule. Et votre âme ? – Elle est malade le printemps était trop vert elle a mangé trop de salade.

La Fourmi
S01:E86

La Fourmi

Poésie de Robert Desnos Une fourmi de dix-huit mètres Avec un chapeau sur la tête Ça n'existe pas ça n'existe pas Une fourmi traînant un char Plein de pingouins et de canards Ça n'existe pas ça n'existe pas Une fourmi parlant français Parlant latin et javanais Ça n'existe pas ça n'existe pas Et pourquoi pas ?

Colloque sentimental
S01:E85

Colloque sentimental

Poème de Paul Verlaine Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l’heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. — Te souvient-il de notre extase ancienne ? — Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ? — Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non. — Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible. — Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir ! — L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Dites donc, un Poète
S01:E84

Dites donc, un Poète

Poème de Alain Bosquet - Dites donc, un poète, à quoi ça sert ? - Ca remplace les chiens par des licornes. - Dites donc, ça n'a pas d'autres talents ? - Il apporte le rêve à ceux qui n'ose pas rêver. - Vous trouvez ça utile, dites donc ? - Quand il veut, il persuade les comètes de s'arrêter chez vous. - Il trouble l'ordre, dites donc, ce type-là. - Pas plus qu'un vol de scarabées, pas plus qu'un peu de neige sur l'épaule. - Il est bon pour l'hospice, dites donc. - Il le transformerait en palais de cristal avec mille musique. - Qu'on le conduise à la fosse commune, dites donc, ce poète. - Alors décembre se prolongera jusqu'à la fin de juin.

Poésie immersive MP5/DTX™️
S01:E83

Poésie immersive MP5/DTX™️

Poésie immersive en réalité virtuelle MP5/DTX™️ ! Chers abonnés, pour profiter pleinement du podcast d’aujourd’hui, vous devez tenir votre écran à l’envers. (Retourné.) En effet, cette poésie est diffusée en podcast immersif MP5/DTX™️ (pas encore sorti pour le grand public, c’est en phase de test final depuis une semaine). Notez bien que cela nécessite également deux haut-parleurs stéréophoniques HiFi (ou tout simplement compatibles Surround/ΙχΘυσlogic·II+) ainsi que la toute dernière version de votre système d’exploitation (iOS, Android, Windows, MacOS, Linux, AS400 ou CP/M), sans quoi il est probable que ça ne fonctionne pas du tout. Montez le volume sonore et bonne écoute !

Le Dormeur du Val
S01:E82

Le Dormeur du Val

Poème de Arthur Rimbaud C’est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Le Dizain de Neige
S01:E81

Le Dizain de Neige

Poésie de Clément Marot Anne, par jeu, me jeta de la neige, Que je cuidais froide certainement ; Mais c'était feu; l'expérience en ai-je, Car embrasé je fus soudainement. Puisque le feu loge secrètement Dedans la neige, où trouverai-je place Pour n'ardre point ? Anne, ta seule grâce Éteindre peut le feu que je sens bien, Non point par eau, par neige, ni par la glace, Mais par sentir un feu pareil au mien.

De Soi-Même
S01:E80

De Soi-Même

Poésie de Clément Marot Plus ne suis ce que j'ai été, Et ne le saurais jamais être. Mon beau printemps et mon été Ont fait le saut par la fenêtre. Amour, tu as été mon maître, Je t'ai servi sur tous les Dieux. Ah si je pouvais deux fois naître, Comme je te servirais mieux !

Après la Bataille
S01:E79

Après la Bataille

Poésie sensée de Victor Hugo traduite en vers loufoques par Pierre Dac Mon père, cet anchois au sourire andalou, Suivi d'un nénuphar qu'il aimait entre tous Pour son faux-col vert-neige fait en pierre de taille, Parcourait en nageant la foire à la ferraille, Où se tenaient, pensifs, des melons accroupis... Soudain, son gros orteil crut percevoir des cris... C'était un hérisson voltigeant sur la route, Qui brûlait son chandail pour mieux casser la croûte, En criant : « Un chou-fleur pour cirer mes souliers!!!... Ou bien un bec de gaz pour me laver les pieds!!!... » Mon père, ému, tendit au nénuphar fidèle L'obélisque à vapeur où trempait sa bretelle Et dit : « Mouche la jambe à cet oiseau blessé, Et brûle-lui l'oeil droit avec un fer glacé. » A ce moment précis, surgissait du « Rat Mort », En marchant sur les Mains, un boa constrictor Qui lança sur mon père sa veste en alpaga. Le coup passa si près qu'un hareng se noya, Et qu'un éléphant blanc tomba dans sa soupière. "Hourrah!" cria mon père, se mordant la paupière.

Du Partement d’Anne
S01:E78

Du Partement d’Anne

Poème de Clément Marot Où allez-vous, Anne ? que je le sache, Et m’enseignez avant que de partir Comme ferai, afin que mon œil cache Le dur regret du coeur triste et martyr. Je sais comment ; point ne faut m’avertir Vous le prendrez, ce cœur, je le vous livre ; L’emporterez pour le rendre délivre, Du deuil qu’aurait loin de vous en ce lieu ; Et pour autant qu’on ne peut sans coeur vivre Me laisserez le vôtre, et puis adieu.

Le Cor
S01:E77

Le Cor

Poème de Alfred de Vigny J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois, Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois, Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille, Et que le vent du nord porte de feuille en feuille. Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré, J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré ! Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques Qui précédaient la mort des Paladins antiques. Ô montagne d’azur ! ô pays adoré ! Rocs de la Frazona, cirque du Marboré, Cascades qui tombez des neiges entraînées, Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ; Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons, Dont le front est de glace et le pied de gazons ! C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre.

La Biche
S01:E76

La Biche

Poème de Maurice Rollinat La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux : Son petit faon délicieux A disparu dans la nuit brune. Pour raconter son infortune À la forêt de ses aïeux, La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux. Mais aucune réponse, aucune, À ses longs appels anxieux ! Et le cou tendu vers les cieux, Folle d’amour et de rancune, La biche brame au clair de lune.

Mignonne, allons voir si la Rose
S01:E75

Mignonne, allons voir si la Rose

Poème de Pierre de Ronsard Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.

Après la Bataille
S01:E74

Après la Bataille

Poème de Victor Hugo Mon père, ce héros au sourire si doux, Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille, Parcourait à cheval, le soir d’une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit. Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit. C’était un Espagnol de l’armée en déroute Qui se traînait sanglant sur le bord de la route, Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié. Et qui disait: « A boire! à boire par pitié ! » Mon père, ému, tendit à son housard fidèle Une gourde de rhum qui pendait à sa selle, Et dit: « Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. » Tout à coup, au moment où le housard baissé Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de maure, Saisit un pistolet qu’il étreignait encore, Et vise au front mon père en criant: « Caramba! » Le coup passa si près que le chapeau tomba Et que le cheval fit un écart en arrière. « Donne-lui tout de même à boire », dit mon père.

Heureux qui, comme Ulysse
S01:E73

Heureux qui, comme Ulysse

Poème de Joachim du Bellay Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Les Lignes de nos Mains
S01:E72

Les Lignes de nos Mains

Poème de Bernard Dadié Les lignes de nos mains ni Jaunes ni Noires ni Blanches Ne sont point des frontières des fossés entre nos villages des filins pour lier les faisceaux de rancoeurs. Les lignes de nos mains sont des lignes de vie, de Destin de Coeur d’Amour, de douces chaînes qui nous lient les uns aux autres les vivants aux morts. Les lignes de nos mains ni blanches ni noires ni jaunes, Les lignes de nos mains Unissent les bouquets de nos rêves.

Les Hiboux
S01:E71

Les Hiboux

Poème de Robert Desnos Ce sont les mères des hiboux Qui désiraient chercher les poux De leurs enfants, leurs petits choux, En les tenant sur les genoux. Leurs yeux d’or valent des bijoux, Leur bec est dur comme cailloux, Ils sont doux comme des joujoux, Mais aux hiboux point de genoux ! Votre histoire se passait où ? Chez les Zoulous ? les Andalous ? Ou dans la cabane Bambou ? À Moscou ou à Tombouctou ? En Anjou ou dans le Poitou ? Au Pérou ou chez les Mandchous ? Hou ! Hou ! Pas du tout c’était chez les fous.

Le Pélican
S01:E70

Le Pélican

Poème de Robert Desnos Le Capitaine Jonathan, Etant âgé de dix-huit ans Capture un jour un pélican Dans une île d'Extrême-orient, Le pélican de Jonathan Au matin, pond un oeuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment. Et ce deuxième pélican Pond, à son tour, un oeuf tout blanc D'où sort, inévitablement Un autre, qui en fait autant. Cela peut durer pendant très longtemps Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

Les Pas
S01:E69

Les Pas

Poème de Paul Valéry Tes pas, enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance Procèdent muets et glacés. Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus ! Dieux !... tous les dons que je devine Viennent à moi sur ces pieds nus ! Si, de tes lèvres avancées, Tu prépares pour l'apaiser, À l'habitant de mes pensées La nourriture d'un baiser, Ne hâte pas cet acte tendre, Douceur d'être et de n'être pas, Car j'ai vécu de vous attendre, Et mon cœur n'était que vos pas.

Les Poésies d’Héloïse
S01:E68

Les Poésies d’Héloïse

Une poésie de ma Maman Qui la poésie aime, ici sera servi ! Des poèmes par dizaines découvrira par là. Pour le plus doux plaisir des grands et des petits, Il suffit de cliquer sur le lien que voilà ! Reconnaîtrez-vous donc cette si jolie voix ? Je suis bien peu partiale, l'enfant est née de moi. Son père, génial, conduit cette aventure. Goûter la poésie comme la confiture, Pour votre grand régal, chaque jour une dose, En famille, eux et moi, c'est ce qu'on vous propose !

Le petit Garçon du Train
S01:E67

Le petit Garçon du Train

Poésie de Héloïse Le petit garçon s’ennuie. Regarder le paysage, ce n’est pas amusant ; Lire, je n’aime pas, je préfère monter sur un âne ; Dessiner, je ne sais pas ; Aucun enfant ne veut jouer avec moi ; Ma grande sœur est sur son téléphone ; Mon Papa dort et ma Maman lit. Après avoir tant râlé, il s’est endormi.

Le Paresseux
S01:E66

Le Paresseux

Poème de Marc Antoine Girard de Saint-Amant Accablé de paresse et de mélancolie, Je rêve dans un lit où je suis fagoté, Comme un lièvre sans os qui dort dans un paté, Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie. Là, sans me soucier des guerres d’Italie, Du comte Palatin, ni de sa royauté, Je consacre un bel hymne à cette oisiveté Où mon âme en langueur est comme ensevelie. Je trouve ce plaisir si doux et si charmant, Que je crois que les biens me viendront en dormant, Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine, Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts, Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.

En Arles
S01:E65

En Arles

Poème de Paul-Jean Toulet Dans Arles, où sont les Aliscamps, Quand l’ombre est rouge, sous les roses, Et clair le temps, Prends garde à la douceur des choses. Lorsque tu sens battre sans cause Ton coeur trop lourd ; Et que se taisent les colombes : Parle tout bas, si c’est d’amour, Au bord des tombes.

Le Printemps
S01:E64

Le Printemps

Poème de Charles d’Orléans Le temps a laissé son manteau. De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n’y a bête, ni oiseau Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau. Rivière, fontaine et ruisseau Portent en livrée jolie, Gouttes d’argent d’orfèvrerie, Chacun s’habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau.

Plaisir d’Amour
S01:E63

Plaisir d’Amour

Poème de Jean-Pierre Claris de Florian Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie. J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie, Elle me quitte et prend un autre amant. Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie. Tant que cette eau coulera doucement Vers ce ruisseau qui borde la prairie, Je t'aimerai, me répétait Sylvie ; L'eau coule encor, elle a changé pourtant ! Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, Chagrin d'amour dure toute la vie.

La Colombe et la Fourmi
S01:E62

La Colombe et la Fourmi

Fable de La Fontaine L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits. Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe, Quand sur l’eau se penchant une Fourmi y tombe. Et dans cet océan l’on eût vu la Fourmi S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive. La Colombe aussitôt usa de charité : Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté, Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive. Elle se sauve ; et là-dessus Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus. Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète. Dès qu’il voit l’Oiseau de Vénus Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête. Tandis qu’à le tuer mon Villageois s’apprête, La Fourmi le pique au talon. Le Vilain retourne la tête : La Colombe l’entend, part, et tire de long. Le soupé du Croquant avec elle s’envole : Point de Pigeon pour une obole.

La Mort de l’Automne
S01:E61

La Mort de l’Automne

Poème de Jean Richepin Au vent du nord Qui le bâtonne, Le pauvre Automne Fuit sans remords. Le vent le mord, Lui, dans sa tonne Se pelotonne. L’Automne est mort. Et son glas tinte Comme une plainte Dans les derniers Refrains de fête, Adieu paniers ! Vendange est faite.

Le Liseron
S01:E60

Le Liseron

Poème de Maurice Rollinat Le liseron est un calice Qui se balance à fleur de sol. L'éphémère y suspend son vol Et la coccinelle s'y glisse. Le champignon rugueux et lisse Parfois lui sert de parasol ; Le liseron est un calice Qui se balance à fleur de sol. Or, quand les champs sont au supplice, Brûlés par un ciel espagnol, Il tend toujours son petit bol Afin que l'averse l'emplisse : Le liseron est un calice.

Sensation
S01:E59

Sensation

Poème de Arthur Rimbaud Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

À Dos d’Éléphant
S01:E58

À Dos d’Éléphant

Poème de Victor Hugo Supposez Goliath mené par Myrmidon. Le cornac est tout jeune et la bête est énorme. Le palanquin tremblant par instant se déforme Et vous cahote au point de vous estropier Sous ses rideaux de cuir et son toit de papier. Un monstre n'a pas moins de roulis qu'un navire ; Comme un vaisseau chancelle un éléphant chavire, Et vous avez le mal de mer sur Béhémoth. Le cornac, nain pensif, conseille à demi-mot Le colosse, et le monstre écoute et ne se trompe Sur rien, ni sur le gué qu'il sonde avec sa trompe, Ni sur la route à suivre, et jamais l'éléphant N'a peur, pourvu qu'il soit conduit par un enfant.

J’ai dit à mon Cœur
S01:E57

J’ai dit à mon Cœur

Poème de Alfred de Musset J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est perdre en désirs le temps du bonheur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les plaisirs passés ? J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez de tant de tristesse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est à chaque pas trouver la douleur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez de tant de tristesse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les chagrins passés ?

La Neige tombe
S01:E56

La Neige tombe

Poésie de Jean Richepin Toute blanche dans la nuit brune La neige tombe en voletant, Ô pâquerettes ! Une à une Toutes blanches dans la nuit brune ! Qui donc là-haut plume la lune ? Ô frais duvet ! Flocons flottants ! Toute blanche dans la nuit brune La neige tombe en voletant. La neige tombe, monotone, Monotonement, par les cieux ; Dans le silence qui chantonne, La neige tombe monotone, Elle file, tisse, ourle et festonne Un suaire silencieux. La neige tombe, monotone, Monotonement par les cieux.

L’Avare
S01:E55

L’Avare

Extrait de Molière Au voleur! au voleur! à l’assassin! au meurtrier! Justice, juste Ciel! je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être? Qu’est-il devenu? Où est-il? Où se cache-t-il? Que ferai-je pour le trouver? Où courir? Où ne pas courir? N’est-il point là? N’est-il point ici? Qui est-ce? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin. Ah! c’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris? Euh? que dites-vous? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison: à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là? De celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.

Chanson sur l’Enfance
S01:E54

Chanson sur l’Enfance

Poème de Peter Handke Quand l'enfant était un enfant, C'était le temps de ces questions : Pourquoi je suis moi et pourquoi pas toi ? Pourquoi je suis ici et pourquoi pas là ? Quand le temps a-t-il commencé et où se termine le monde ? La vie au soleil n'est-elle qu’un rêve ? Ce que je vois et entends et sens n’est-il que le reflet d’un monde devant le monde ? Est-ce que le mal existe vraiment et existe-t-il des gens, qui sont vraiment les méchants ? Comment se peut-il que moi, qui suis moi, avant que je n'existe, je n’existais pas, et qu'un jour moi, qui suis moi, je ne serai plus qui je suis ? Als das Kind Kind war, war es die Zeit der folgenden Fragen: Warum bin ich ich und warum nicht du? Warum bin ich hier und warum nicht dort? Wann begann die Zeit und wo endet der Raum? Ist das Leben unter der Sonne nicht bloß ein Traum? Ist was ich sehe und höre und rieche nicht bloß der Schein einer Welt vor der Welt? Gibt es tatsächlich das Böse und Leute, die wirklich die Bösen sind? Wie kann es sein, daß ich, der ich bin, bevor ich wurde, nicht war, und daß einmal ich, der ich bin, nicht mehr der ich bin, sein werde?

Le Ciel est, par dessus le Toit
S01:E53

Le Ciel est, par dessus le Toit

Poème de Paul Verlaine Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit, Berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu’on voit, Doucement tinte. Un oiseau sur l’arbre qu’on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. – Qu’as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?

Mes deux Filles
S01:E52

Mes deux Filles

Poème de Victor Hugo Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe, L’une pareille au cygne et l’autre à la colombe, Belles, et toutes deux joyeuses, ô douceur ! Voyez, la grande sœur et la petite sœur Sont assises au seuil du jardin, et sur elles Un bouquet d’œillets blancs aux longues tiges frêles, Dans une urne de marbre agité par le vent, Se penche, et les regarde, immobile et vivant, Et frissonne dans l’ombre, et semble, au bord du vase, Un vol de papillons arrêté dans l’extase.

Une Allée du Luxembourg
S01:E51

Une Allée du Luxembourg

Poème de Gérard de Nerval Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau À la main une fleur qui brille, À la bouche un refrain nouveau. C’est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D’un seul regard l’éclaircirait ! Mais non, ma jeunesse est finie... Adieu, doux rayon qui m’as lui, Parfum, jeune fille, harmonie... Le bonheur passait, il a fui !

La Courbe de tes Yeux fait le Tour de mon Cœur
S01:E50

La Courbe de tes Yeux fait le Tour de mon Cœur

Poème de Paul Eluard La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d’une couvée d’aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l’innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards

L’Automne
S01:E49

L’Automne

Poème de Guillaume Apollinaire Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises

Les Saltimbanques
S01:E48

Les Saltimbanques

Poème de Guillaume Apollinaire Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises. Et les enfants s’en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin ils lui font signe. Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours, des cerceaux dorés L’ours et le singe, animaux sages Quêtent des sous sur leur passage.

Demain, dès l’aube…
S01:E47

Demain, dès l’aube…

Poème de Victor Hugo Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Que sont mes Amis devenus
S01:E46

Que sont mes Amis devenus

Poème de Rutebeuf Les maux ne savent seuls venir ; Tout ce qui m’était à venir m’est advenu. Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus Et tant aimé ? Je crois qu'ils sont trop clairsemés; Ils ne furent pas bien semés : Ils m’ont failli. De tels amis m'ont bien trahi Lorsque Dieu m'a assailli De tous côtés, N'en vis un seul en mon logis Le vent,je crois, me les a pris. L'amour est morte : Ce sont amis que vent emporte, Et il ventait devant ma porte, Les emporta...

Tristesse
S01:E45

Tristesse

Poème de Alfred de Musset J'ai perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaieté ; J'ai perdu jusqu'à la fierté Qui faisait croire à mon génie. Quand j'ai connu la Vérité, J'ai cru que c'était une amie ; Quand je l'ai comprise et sentie, J'en étais déjà dégoûté. Et pourtant elle est éternelle, Et ceux qui se sont passés d'elle Ici-bas ont tout ignoré. Dieu parle, il faut qu'on lui réponde. Le seul bien qui me reste au monde Est d'avoir quelquefois pleuré.

Grammaire
S01:E44

Grammaire

Poésie de Philippe Soupault Peut-être et toujours peut-être adverbes que vous m’ennuyez avec vos presque et presque pas quand fleurissent les apostrophes Et vous points et virgules qui grouillez dans les viviers où nagent les subjonctifs je vous empaquette vous ficelle Soyez maudits paragraphes pour que les prophéties s’accomplissent bâtards honteux des grammairiens et mauvais joueurs de syntaxe Sucez vos impératifs et laissez-nous dormir une bonne fois c’est la nuit et la canicule

La Tirade du Nez, Cyrano de Bergerac
S01:E43

La Tirade du Nez, Cyrano de Bergerac

Extrait de l’œuvre de Edmond Rostand Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme… En variant le ton, – par exemple, tenez : Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! » Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! » Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! » Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ? D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? » Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? » Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? » Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! » Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! » Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane Appelle Hippocampéléphantocamélos Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! » Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! » Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral, T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! » Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! » Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! » Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? » Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? » Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue, C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! » Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain ! C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! » Militaire : « Pointez contre cavalerie ! » Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! » Enfin parodiant Pyrame en un sanglot : « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! » – Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot ! Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries, me servir toutes ces folles plaisanteries, Que vous n’en eussiez pas articulé le quart De la moitié du commencement d’une, car Je me les sers moi-même, avec assez de verve, Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

L’Orphelin
S01:E42

L’Orphelin

Poésie d’Héloïse & Hortense Au clair de lune, un orphelin dormait. Au clair de lune, le pauvre enfant rêvait Que le soleil jamais ne se couchait. Il était triste car, pour lui, La nuit est le seul moment Où il n’est pas malheureux. - Ô monsieur le soleil, pourquoi ne vous couchez-vous pas ? - Ô mon petit enfant, je ne me coucherai que quand tu auras des parents.

Le Jardin
S01:E41

Le Jardin

Poème de Jacques Prévert Des milliers et des milliers d'années Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'éternité Où tu m'as embrassé Où je t'ai embrassée Un matin dans la lumière de l'hiver Au parc Montsouris à Paris À Paris Sur la terre La terre qui est un astre.

Il a neigé
S01:E40

Il a neigé

Poésie de Maurice Carême Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que le chaton noir croit rêver. C'est à peine s'il ose Marcher. Il a neigé dans l'aube rose Si doucement neigé, Que les choses Semblent avoir changé. Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger, Se sentant soudain étranger A cette blancheur où se posent, Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés.

Green
S01:E39

Green

Poème de Paul Verlaine Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux. J'arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encore de vos derniers baisers ; Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête, Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

Les Roses de Saadi
S01:E38

Les Roses de Saadi

Poème de Marceline Desbordes-Valmore J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ; La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

Les belles Familles
S01:E37

Les belles Familles

Poème de Jacques Prévert Louis I Louis II Louis III Louis IV Louis V Louis VI Louis VII Louis VIII Louis IX Louis X (dit le Hutin) Louis XI Louis XII Louis XIII Louis XIV Louis XV Louis XVI Louis XVII Louis XVIII et plus personne plus rien… qu'est-ce que c'est que ces gens-là qui ne sont pas foutus de compter jusqu'à vingt ?

L’écureuil et la Feuille
S01:E36

L’écureuil et la Feuille

Poésie de Maurice Carême Un écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent. Et le vent balance la feuille Juste au-dessus de l’écureuil ; Le vent attend, pour la poser Légèrement sur la bruyère, Que l’écureuil soit remonté Sur le chêne de la clairière Où il aime à se balancer Comme une feuille de lumière.

La Bise
S01:E35

La Bise

Poème de Maurice Carême « Ce sont des feuilles mortes » Disaient les feuilles mortes Voyant des papillons S'envoler d'un buisson. « Ce sont des papillons », Disaient les papillons Voyant des feuilles mortes Errer de porte en porte. Mais la bise riait Qui déjà les chassait Ensemble vers la mer.

On dirait
S01:E34

On dirait

Poème de Maurice Carême On dirait qu’on entend Pleuvoir le temps Usant les vieilles pierres De la rivière, On dirait qu’on entend Pleuvoir les ans Qu’emportent doucement Les eaux du temps.

Marine
S01:E33

Marine

Poème d’Arthur Rimbaud Les chars d'argent et de cuivre Les proues d'acier et d'argent Battent l'écume, Soulèvent les souches des ronces. Les courants de la lande, Et les ornières immenses du reflux, Filent circulairement vers l'est, Vers les piliers de la forêt, Vers les fûts de la jetée, Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.

Marine
S01:E32

Marine

Poème de Paul Verlaine L'Océan sonore Palpite sous l'œil De la lune en deuil Et palpite encore, Tandis qu'un éclair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D'un long zigzag clair, Et que chaque lame, En bonds convulsifs, Le long des récifs Va, vient, luit et clame, Et qu'au firmament, Où l'ouragan erre, Rugit le tonnerre Formidablement.

La petite Maison
S01:E31

La petite Maison

Poésie de Maurice Carême La petite maison A des volets tout bleus, Des roses sur le front, Du ciel dans les cheveux. Ne lui demandez rien Si ce n’est un tarin. Elle en a toujours un Dans son menu jardin. Que peut-elle vous dire Sinon qu’il fait bon vivre, Qu’il suffit d’un peu d’ombre Au pied d’un mur chaulé Pour qu’une fourmi blonde Y fasse luire un monde.

Homonymes
S01:E30

Homonymes

Poésie de Maurice Carême Il y a le vert du cerfeuil Et il y a le ver de terre. Il y a l’endroit et l’envers, L’amoureux qui écrit en vers, Le verre d’eau plein de lumière, La fine pantoufle de vair Et il y a moi, tête en l’air, Qui dit toujours tout de travers.

Si mon Père était un Ourson
S01:E29

Si mon Père était un Ourson

Poésie de Maurice Carême Si mon père était un ourson, Ma tante Alice un gros pigeon, Si mon oncle était un trapèze, Ma sœur Anne, un bâton de chaise, Si ma marraine était un mât, Mon grand frère, un œuf sur le plat, Et l’école, une vieille cruche, Je ne sais pas comment irait Le monde étroit que je connais, Mais je rirais, ah, je rirais À faire sauter les volets.

Le Chat et le Soleil
S01:E28

Le Chat et le Soleil

Poésie de Maurice Carême Le chat ouvrit les yeux, Le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, Le soleil y resta. Voilà pourquoi, le soir Quand le chat se réveille, J'aperçois dans le noir Deux morceaux de soleil.

Mes Grands-Parents
S01:E27

Mes Grands-Parents

Poésie d’Héloïse Mes Grands-Parents, je les aime. Deux j’ai perdus mais ce n’est pas pour ça que je ne vivrai plus. Heureusement, deux j’ai toujours et les autres sont dans mon cœur pour toujours. À Carole et Ito. Pour Nanou et Papé.

Mon petit Lapin
S01:E26

Mon petit Lapin

Poésie de Maurice Carême Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Depuis le matin, Il fait de grands sauts Au fond du jardin. Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Il parle aux oiseaux Et il rit tout haut Dans l'ache et le thym. Mon petit lapin N'a plus de chagrin. Le voisin d'en face A vendu ses chiens, Ses trois chiens de chasse.

Liberté
S01:E25

Liberté

Poème de Maurice Carême Prenez du soleil Dans le creux des mains, Un peu de soleil Et partez au loin ! Partez dans le vent, Suivez votre rêve ; Partez à l'instant, la jeunesse est brève ! Il est des chemins Inconnus des hommes, Il est des chemins Si aériens ! Ne regrettez pas Ce que vous quittez. Regardez, là-bas, L'horizon briller. Loin, toujours plus loin, Partez en chantant ! Le monde appartient À ceux qui n'ont rien.

Le Printemps reviendra
S01:E24

Le Printemps reviendra

Poésie de Maurice Carême Hé oui, je sais bien qu'il fait froid, Que le ciel est tout de travers ; Je sais que ni la primevère Ni l'agneau ne sont encore là. La terre tourne ; il reviendra, Le printemps, sur son cheval vert. Que ferait le bois sans pivert, Le petit jardin sans lilas ? Oui, tout passe, même l'hiver, Je le sais par mon petit doigt Que je garde toujours en l'air...

Le Crapeau
S01:E23

Le Crapeau

Poésie de Robert Desnos Sur les bords de la Marne Un crapaud il y a Qui pleure à chaudes larmes Sous un acacia. - Dis-moi pourquoi tu pleures Mon joli crapaud ? - C’est que j’ai le malheur De n’être pas beau. Sur les bords de la Seine Un crapaud il y a Qui chante à perdre haleine Dans son charabia. - Dis-moi pourquoi tu chantes Mon vilain crapaud ? - Je chante à voix plaisante, Car je suis très beau, Des bords de la Marne aux bords de la Seine Avec les sirènes.

Le petit Chaperon rouge
S01:E22

Le petit Chaperon rouge

Poésie de Maurice Carême Chaperon rouge est en voyage, Ont dit les noisetiers tout bas. Loup aux aguets sous le feuillage, N'attendez plus au coin du bois. Plus ne cherra la bobinette Lorsque, d’une main qui tremblait, Elle tirait la chevillette En tendant déjà son bouquet. Mère-grand n’est plus au village. On l’a conduite à l'hôpital Où la fièvre, dans un mirage, Lui montre son clocher natal. Et chaperon rouge regrette, Le nez sur la vitre du train, Les papillons bleus, les fleurettes Et le loup qui parlait si bien.

Chanson de Grand-Père
S01:E21

Chanson de Grand-Père

Poésie de Victor Hugo Dansez, les petites filles, Toutes en rond. En vous voyant si gentilles, Les bois riront. Dansez, les petites reines, Toutes en rond. Les amoureux sous les frênes S'embrasseront. Dansez, les petites folles, Toutes en rond. Les bouquins dans les écoles Bougonneront. Dansez, les petites belles, Toutes en rond. Les oiseaux avec leurs ailes Applaudiront. Dansez, les petites fées, Toutes en rond. Dansez, de bleuets coiffées, L'aurore au front. Dansez, les petites femmes, Toutes en rond. Les messieurs diront aux dames Ce qu'ils voudront.

La Trompe de l’Éléphant
S01:E20

La Trompe de l’Éléphant

Poésie d’Alain Bosquet La trompe de l’éléphant, c’est pour ramasser les pistaches : pas besoin de se baisser. Le cou de la girafe, c’est pour brouter les astres : pas besoin de voler. La peau du caméléon, verte, bleue, mauve, blanche, selon sa volonté, c’est pour se cacher des animaux voraces : pas besoin de fuir. La carapace de la tortue, c’est pour dormir à l’intérieur, même l’hiver : pas besoin de maison. Le poème du poète, c’est pour dire tout cela et mille et mille et mille autres choses : pas besoin de comprendre.

Le Crocodile
S01:E19

Le Crocodile

Poésie de Jacques Roubaud Le crocodile n'a qu'une idée il voudrait dévorer Odile qui habite près de son domicile elle est tendre et dodue à souhait Le crocodile est obsédé « Ça devrait pas être difficile, pense-t-il, d'attraper cette fille » (il emploie la méthode Coué) Mais Odile qui n'est pas sotte ne s'approche pas de la flotte elle se promène sur la grève mangeant des beignets de banane au mil et c'est seulement dans ses rêves que le crocodile croque Odile.

Locataires
S01:E18

Locataires

Poésie de Jean-Luc Moreau J’ai dans mon cartable (C’est épouvantable !) Un alligator Qui s’appelle Hector J’ai dans ma valise (Ça me terrorise !) Un éléphant blanc Du nom de Roland J’ai dans mon armoire (Mon Dieu, quelle histoire !) Un diplodocus Nommé Spartacus Mais pour moi le pire, C’est sous mon chapeau D’avoir un vampire Logé dans ma peau.

Bonne Année
S01:E17

Bonne Année

Poésie de Rosemonde Gérard Bonne année à toutes les choses, Au monde, à la mer, aux forêts, Bonne année à toutes les roses, Que l’hiver prépare en secret. Bonne année à tous ceux qui m’aiment, Et qui m’entendent ici-bas, Et bonne année aussi, quand même, À tous ceux qui ne m’aiment pas.

Le Lion et le Rat
S01:E16

Le Lion et le Rat

Fable de La Fontaine Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde On a souvent besoin d'un plus petit que soi. De cette vérité deux fables feront foi, Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un lion Un rat sortit de terre assez à l'étourdie. Le roi des animaux, en cette occasion, Montra ce qu'il était et lui donna la vie. Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru Qu'un lion d'un rat eût affaire ? Cependant il avint qu'au sortir des forêts Ce lion fut pris dans des rets, Dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire rat accourut, et fit tant par ses dents Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.

Le Cancre
S01:E15

Le Cancre

Poème de Jacques Prévert Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu’il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec les craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur.

La Galette des Rois
S01:E14

La Galette des Rois

Poésie de Pierre Ruaud Dans la galette des rois Il y a une part pour toi. Si tu trouves la fève Tu deviens le roi. La galette des rois Qu'on la coupe en treize Ou qu'on la coupe en trois Il n'y a qu'un seul roi. Quand la galette des rois A désigné son roi Le roi choisit sa reine Et après tout le monde boit.

Il était une Feuille
S01:E13

Il était une Feuille

Poème de Robert Desnos Il était une feuille avec ses lignes Ligne de vie Ligne de chance Ligne de cœur Il était une branche au bout de la feuille Ligne fourchue signe de vie Signe de chance Signe de cœur Il était un arbre au bout de la branche Un arbre digne de vie Digne de chance Digne de cœur Cœur gravé, percé, transpercé Un arbre que nul jamais ne vit. Il était des racines au bout de l'arbre Racines vignes de vie Vignes de chance Vignes de cœur Au bout des racines il était la terre La terre tout court La terre toute ronde La terre toute seule au travers du ciel La terre.

Matin d’Octobre
S01:E12

Matin d’Octobre

Poème de François Coppée C’est l’heure exquise et matinale Que rougit un soleil soudain. A travers la brume automnale Tombent les feuilles du jardin. Leur chute est lente. On peut les suivre Du regard en reconnaissant Le chêne à sa feuille de cuivre, L’érable à sa feuille de sang. Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées : Mais ce n’est pas l’hiver encor. Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l’air tout rose, On croirait qu’il neige de l’or.

La Tour Eiffel
S01:E11

La Tour Eiffel

Poésie de Maurice Carême Mais oui, je suis une girafe, M’a raconté la tour Eiffel, Et si ma tête est dans le ciel, C’est pour mieux brouter les nuages, Car ils me rendent éternelle. Mais j’ai quatre pieds bien assis Dans une courbe de la Seine. On ne s’ennuie pas à Paris : Les femmes, comme des phalènes, Les hommes, comme des fourmis, Glissent sans fin entre mes jambes Et les plus fous, les plus ingambes Montent et descendent le long De mon cou comme des frelons La nuit, je lèche les étoiles. Et si l’on m’aperçoit de loin, C’est que très souvent, j’en avale Une sans avoir l’air de rien.

Vert de Mer
S01:E10

Vert de Mer

Poème de Madeleine Le Floch Un poisson connaissait par cœur les noms de tous les autres poissons. Il connaissait les algues, les courants, les sédiments, les coquillages. C’était un érudit. Il exigeait d’ailleurs qu’on l’appelât «maître » ! Il savait tout de la mer Mais il ignorait tout de l’homme. Et un jour il se laissa prendre au bout d’un tout petit hameçon.

L’Alphabet
S01:E09

L’Alphabet

Poésie de Christine Fayolle Il y a A, B, C, D et le petit E Qui ouvrent grand leurs yeux, F, G, H, et I Restent bien assis, J, K, L, et M En font de même. N, O, P, Q, et R Apprennent à se taire, Mais de leur coté, S, T, U, V et W Ont le doigt levé, Enfin, au tableau, X, Y et Z Récitent sans aucune aide !

La Lune se couchait
S01:E08

La Lune se couchait

Poésie de Maurice Carême La lune se couchait, pâle, Sur son édredon d’étoiles. Le jour riait dans sa barbe D’herbe longue et de rhubarbe. Son balai d’or à la main, Le soleil lavait le monde A grande eau dans le matin. La terre rêvait dans l’ombre. Pas une personne encore Ne se montrait au-dehors. Des volets s’ouvraient sans bruit. Et, seule, une tourterelle Encore engourdie de nuit Faisait roucouler le ciel.

Le Diable en Boite
S01:E07

Le Diable en Boite

Poésie de Corinne Albaut Un, deux, trois, Que va-t-il sortir de là ? Un diable grimaçant ? Au secours, maman ! Une pieuvre à huit bras ? Au secours, papa ! Un gros crapaud tout vert ? Au secours, grand-mère ! Le vampire de minuit ! Vite, sous mon lit !

Paris est tout petit
S01:E06

Paris est tout petit

Poème de Jacques Prévert Paris est tout petit c’est là sa vraie grandeur Tout le monde s’y rencontre Les montagnes aussi Même un beau jour l’une d’elles Accoucha d’une souris Alors en son honneur Les jardiniers tracèrent Le parc Montsouris C’est là sa vraie grandeur

Je voulais dans mon Cartable
S01:E05

Je voulais dans mon Cartable

Poème de Pierre Ruaud Je voulais dans mon cartable Emporter mes châteaux de sable, Mon cerf-volant, des coquillages Et le portique de la plage. Maman m’a dit : "Ce n’est pas permis Et puis tout ça Ça ne rentre pas !" Alors j’ai pris un beau stylo, Pour le goûter quelques gâteaux Et que des choses raisonnables. Plus trois petits grains de sable !

L’Hippopotame
S01:E04

L’Hippopotame

Poésie de Pierre Coran Pour plaire à sa femme Qui le trouvait gros, Un hippopotame A fait du judo. Pour plaire à sa femme Qui le trouvait laid, Un hippopotame Fit du karaté. Quand l’hippopotame Se vit mince et beau, Il dit à sa femme Qu’elle pesait trop Et qu’elle avait l ’air, A côté de lui, D’une montgolfière En papier verni. Pour plaire à sa femme Et avoir la paix, Notre hippopotame Redevint plus laid. Il mangea sans faim Tant de soupe aux herbes Que sa femme enfin Le trouva superbe.

Le Corbeau et le Renard
S01:E03

Le Corbeau et le Renard

Fable de la Fontaine Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : Et bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. À ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

La Cigale et la Fourmi
S01:E02

La Cigale et la Fourmi

Fable de la Fontaine La Cigale, ayant chanté Tout l'Été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'Oût, foi d'animal, Intérêt et principal. La Fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. « Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. — Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. — Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien !dansez maintenant. »

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf
S01:E01

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf

Fable de la Fontaine Une Grenouille vit un Bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : « Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point. » La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.